Balades dans la vieille ville d'Harar

À peine descendus du van qui nous a mené de l’aéroport de Dire Dawa à plus de cinquante kilomètres nous voici à Harar, forteresse musulmane enclavée dans l’est de la très chrétienne Ethiopie. Nous avons été accueillis par un jeune homme qui nous a directement amené chez notre hôte Rewda et sa magnifique maison harari avec sa cour intérieure et son salon au décor rempli de paniers traditionnels et de plateaux fleuris en métal venant du japon. Nous sommes, Joël et moi conquis par les lieux et souhaitons rapidement sortir nous promener.

La vieille ville c’est comme un décor de cinéma avec arrêt dans le temps et ce tant de ruelles, de pavés, de portes, de murs aux couleurs chatoyantes… Ces enfants qui nous interpellent, curieux et rieurs en criant “Farange! Farange!” [Faringe]. Est-ce ce même mot venant de Francs et arrivé en Thaïlande et au Laos via l’Iran et l’Inde qui découle du fameux “Farang”, cette expression utilisée pour désigner les occidentaux dans certaines cultures asiatiques ?

Très vite Joël veut se faire couper les cheveux dans une petite baraque en bois. C’est son rituel adopté depuis ses nombreux voyages en Afrique et en Asie aussi. En attendant je mitraille les alentours et cette souriante jeune fille au foulard orange recouvrant sa tête et son cou vient me parler. On se prend en photo ensemble. On me fait remarquer plus tard qu’on se ressemble un peu…

Puis on la retrouve dans une ruelle entourée de femmes et d’enfants, très vite Joël s’assoie auprès d’elles et se met à dessiner. C’est un passeport pour la conversation. La température est idéale, contrairement à l’étouffante chaleur de Djibouti, où nous avions déjà passé une douzaine de jours.

Là-bas j’ai surtout photographié et filmé les paysages. Ici je sens enfin que je peux facilement capturer les visages des habitants. Ils sont moins réfractaires à la caméra et certains demandent même à poser sous nos objectifs.  

Je retrouve un peu cette ambiance de Saint Joseph sur l’île de la Dominique, entre la Guadeloupe et la Martinique, où il faisait bon se promener sans crainte.

Chaque détour en vaut la chandelle. Les harmonies colorées audacieuses des façades sont repeintes chaque année après le Ramadan. C’est un concours de voisinage à embellir le plus possible leurs habitations.

Ici Musulmans et Chrétiens orthodoxes se partagent cette ville d’amour et de paix en l’affichant sous les lampadaires “City of love”, “City of Peace”. Cette cohabitation dure depuis 1887, quand elle est définitivement écrasée par Ménélik II, oncle au deuxième degré d’Hailé Sélassié Ier, le dernier empereur d’Ethiopie.

Les enfants jouent paisiblement entre les maisons au sol rocailleux, mais la nuit qui tombe vite n’est pas propice aux balades à la belle étoile. L’orage gronde, voilà la pluie qui rafraichi nos corps habitués à la dure chaleur du pays voisin. Les Hyènes franchissent les portes de la ville à la recherche de viande avariées. Cette première nuit, notre sommeil est perturbé par les aboiements incessants des chiens qui tentent de chasser les charognards. S’enchainent fortement et spécialement au petit matin le dimanche les chants muezzins et orthodoxes.

Nous repoussons notre visite guidée par une balade à deux sous le ciel gris.


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Retrouvez ci-dessous mon petit film de nos deux premiers jours à Harar.

Walks in Harar's old town

No sooner had we stepped out of the van that took us from Dire Dawa airport, more than fifty kilometers away, than we arrived in Harar, a Muslim stronghold landlocked in the east of very Christian Ethiopia. We were greeted by a young man who took us straight to our host Rewda's magnificent Harari house, with its inner courtyard and living room decorated with traditional baskets and metal flower trays from Japan. Joël and I were won over by the place and soon wanted to get out for a stroll.

The old town is like a movie set, with a stop in time and so many alleys, cobblestones, doors, walls in shimmering colors... These children call out to us, curious and laughing, shouting "Farange! Farange!" [Faringe]. Is this the same word that came to Thailand and Laos from the Franks, via Iran and India, from the famous "Farang", the expression used to designate Westerners in certain Asian cultures?

Joël soon wants to have his hair cut in a small wooden shack. It's a ritual he's adopted since his many trips to Africa and Asia. While I'm waiting, I take pictures of the surrounding area, and this smiling young girl with the orange scarf covering her head and neck comes over to talk to me. We take a photo together. I'm told later that we look a bit alike...

Then we find her in an alley surrounded by women and children, and very quickly Joël sits down beside them and starts drawing. It's a passport to conversation. The temperature is ideal, unlike the stifling heat of Djibouti, where we had already spent a dozen days.

There I mainly photographed and filmed landscapes. Here, at last, I feel I can easily capture the faces of the locals. They're less camera-shy and some even ask to pose under our lenses.

I've rediscovered the atmosphere of Saint Joseph on the island of Dominica, between Guadeloupe and Martinique, where it was good to wander around without fear.

Every detour is worthwhile. The boldly colored harmonies of the facades are repainted every year after Ramadan. It's a competition between neighbors to make their homes as beautiful as possible.

Here, Muslims and Orthodox Christians share this city of love and peace, displaying "City of love" and "City of Peace" under the lampposts. This cohabitation has lasted since 1887, when it was definitively crushed by Menelik II, second-degree uncle of Haile Selassie I, the last emperor of Ethiopia.

The children are playing peacefully between the rocky houses, but the night is falling fast and is not conducive to walks under the stars. The thunder rumbles and the rain refreshes our bodies, accustomed to the harsh heat of the neighboring country. Hyenas come through the town gates in search of spoiled meat. That first night, our sleep is disturbed by the incessant barking of dogs trying to chase away the scavengers. Muezzin and Orthodox chants follow in quick succession, especially in the early hours of Sunday morning.

We postpone our guided tour with a stroll for two under gray skies.

















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